à partir des plaques photographiques réalisées lors du procès par le rennais Auguste HAUTEBERT
pourquoi ce témoignage?
Mon père, Gérard HAUTEBERT était le petit fils d'un marchand de matériaux rennais, Auguste HAUTEBERT. Ce dernier habitait rue Saint-Sauveur, près de la rue Duhamel et du café de La Pomme, entre la prison et le Lycée où se tenait le procès du Capitaine DREYFUS. Il réalisa de nombreux clichés dont certains ont été donnés aux journalistes venus de Paris pour suivre les audiences.
36 clichés ont été remis en 1977 à M CHARPY, conservateur des Archives départementales d'Ille-et-Vilaine, par notre tante, Martine HAUTEBERT, décédée en 1985.
Lorsque nous avons appris leur existence par mon père, décédé fin 2008, nous avons contacté Colette COSNIER et André HELARD, auteurs de "Rennes et Dreyfus en 1899- une ville, un procès" (éditions HORAY). Ils ont retrouvé la trace de ces clichés en 2002, grâce au conservateur Jean-Yves VEILLARD. Le dossier était suivi par Pascale MORNE et Michel MARECHAL (réf: PM/CL.03D.547)
Grâce à un photographe professionnel équipé de logiciels de retouche d'images, nous avons pu estomper certaines imperfections dues au temps.
Ce sont donc des photographies peu connues et oubliées dans des fonds d'archives que nous sommes heureux de vous présenter dans ce site internet.
Sophie HAUTEBERT-RIBOT,
Xavier RIBOT
36 clichés ont été remis en 1977 à M CHARPY, conservateur des Archives départementales d'Ille-et-Vilaine, par notre tante, Martine HAUTEBERT, décédée en 1985.
Lorsque nous avons appris leur existence par mon père, décédé fin 2008, nous avons contacté Colette COSNIER et André HELARD, auteurs de "Rennes et Dreyfus en 1899- une ville, un procès" (éditions HORAY). Ils ont retrouvé la trace de ces clichés en 2002, grâce au conservateur Jean-Yves VEILLARD. Le dossier était suivi par Pascale MORNE et Michel MARECHAL (réf: PM/CL.03D.547)
Grâce à un photographe professionnel équipé de logiciels de retouche d'images, nous avons pu estomper certaines imperfections dues au temps.
Ce sont donc des photographies peu connues et oubliées dans des fonds d'archives que nous sommes heureux de vous présenter dans ce site internet.
Sophie HAUTEBERT-RIBOT,
Xavier RIBOT
Une ville, un procès
"Rennes n'a été généralement considérée que comme le décor, la scène, le théâtre de la "tragédie de Dreyfus", et, entre Dreyfus et Rennes, beaucoup n'ont que ce contraste saisissant dont parlait G.W.Steevens, le journaliste du Daily Mail: "Le procès Dreyfus et Rennes! si jamais quelque chose devait mettre en relief ce drame poignant, c'était bien le silence de mort de cette ville morte où il se jouait".
Pourtant quand Francis de Pressensé dit en 1909: "L'histoire a voulu que ce fût dans cette ville de Rennes que se jouât l'un des drames les plus palpitants de l'histoire de France et même de l'histoire universelle", il nous suggère que "l'histoire" c'est aussi "cette ville de Rennes", telle qu'elle rencontre le procès, et telle que le procès la rencontre.
Une ville pas si morte que l'ont cru les observateurs distraits, dont le calme de surface n'était pas dû uniquement à l'indifférence ou à la modération de la population, mais aussi à une action politique exceptionnelle de la part d'une poignée d'hommes à qui Pierre Quillard demandait, à juste titre, dix ans après: "Comment êtes-vous arrivés à vivre en ces temps là? Comment êtes-vous arrivés dans cette population hostile à vous défendre et à tenir tête?"
Une ville où, à l'extrême fin du XIXème siècle, "un des plus grands drames de l'histoire universelle" donne naissance à des attitudes, à des comportements qui préfigurent le XXème siècle. Les rapports entre la politique, la justice, le spectacle, les affaires, l'information, les manifestations de l'opinion publique, les nouvelles pratiques de la presse, voilà ce qui est en jeu à Rennes en cet été de 1899.
C'est tout cela, qui se joue pour une part avant le procès et autour du procès, que nous avons tenté de raconter, en un récit dont la forme éclatée, tantôt chronologique, tantôt plus thématique, cherche à s'adapter au kaléidoscope des multiples images que la presse locale, la presse parisienne, les rapports de police, les documents d'archives nous ont données de la rencontre de rennes et du procès Dreyfus."
(avant-propos du livre Rennes et Dreyfus en 1899, une ville, un procès de Colette Cosnier et André Hélard)
Pourtant quand Francis de Pressensé dit en 1909: "L'histoire a voulu que ce fût dans cette ville de Rennes que se jouât l'un des drames les plus palpitants de l'histoire de France et même de l'histoire universelle", il nous suggère que "l'histoire" c'est aussi "cette ville de Rennes", telle qu'elle rencontre le procès, et telle que le procès la rencontre.
Une ville pas si morte que l'ont cru les observateurs distraits, dont le calme de surface n'était pas dû uniquement à l'indifférence ou à la modération de la population, mais aussi à une action politique exceptionnelle de la part d'une poignée d'hommes à qui Pierre Quillard demandait, à juste titre, dix ans après: "Comment êtes-vous arrivés à vivre en ces temps là? Comment êtes-vous arrivés dans cette population hostile à vous défendre et à tenir tête?"
Une ville où, à l'extrême fin du XIXème siècle, "un des plus grands drames de l'histoire universelle" donne naissance à des attitudes, à des comportements qui préfigurent le XXème siècle. Les rapports entre la politique, la justice, le spectacle, les affaires, l'information, les manifestations de l'opinion publique, les nouvelles pratiques de la presse, voilà ce qui est en jeu à Rennes en cet été de 1899.
C'est tout cela, qui se joue pour une part avant le procès et autour du procès, que nous avons tenté de raconter, en un récit dont la forme éclatée, tantôt chronologique, tantôt plus thématique, cherche à s'adapter au kaléidoscope des multiples images que la presse locale, la presse parisienne, les rapports de police, les documents d'archives nous ont données de la rencontre de rennes et du procès Dreyfus."
(avant-propos du livre Rennes et Dreyfus en 1899, une ville, un procès de Colette Cosnier et André Hélard)
Rennes, une ville en apparence paisible, Dreyfus, un capitaine déporté à l'Île du Diable: deux noms que rien ne prédisposaient à se rencontrer...
Soudain, en juin 1899, la Cour de cassation annule le jugement de 1894 et Dreyfus est renvoyé devant le Conseil de guerre de Rennes.
Le plus souvent, Rennes n'a été considérée que comme une toile de fond. or loin de n'être qu'indifférence au drame qu'elle abrite le temps d'un été, la ville devient un théâtre où politique, justice, manifestations de l'opinion, presse se chargent de significations nouvelles. Ce n'est plus un décor, mais un microcosme où se dessine le siècle à venir.
L'été rennais de 1899, c'est donc:
- l'angoisse, pour ceux que les manifestations, les agents secrets, et les tentatives d'assassinat effraient;
- la curiosité, pour ceux qui croisent dans les rues le Tout-Paris, Barrès et Jaurès, Gaston Leroux et Séverine, Réjane et Octave Mirbeau;
- le profit, pour ceux qui vendent des journaux, tiennent des cafés-concert, louent des chambres ou des bicyclettes;
- l'ennui pour les journalistes du monde entier qui, après les audiences, tournent en rond, trouvent la Vilaine bien sale et la ville bien triste.
En un récit dont la forme éclatée est tantôt chronologique, tantôt thématique, ce qui est évoqué, c'est le bouleversement d'une ville et de ses habitants, dérangés, transformés, révélés par la présence dans leur prison militaire de celui qui est pour les uns "le traitre", pour les autres "le martyr", mais qui oblige tout le monde à faire connaissance avec l'Histoire.
( résumé de quatrième de couverture de Rennes et Dreyfus en 1899 de Colette Cosnier et André Hélard, éditions Horay, 1999)
Soudain, en juin 1899, la Cour de cassation annule le jugement de 1894 et Dreyfus est renvoyé devant le Conseil de guerre de Rennes.
Le plus souvent, Rennes n'a été considérée que comme une toile de fond. or loin de n'être qu'indifférence au drame qu'elle abrite le temps d'un été, la ville devient un théâtre où politique, justice, manifestations de l'opinion, presse se chargent de significations nouvelles. Ce n'est plus un décor, mais un microcosme où se dessine le siècle à venir.
L'été rennais de 1899, c'est donc:
- l'angoisse, pour ceux que les manifestations, les agents secrets, et les tentatives d'assassinat effraient;
- la curiosité, pour ceux qui croisent dans les rues le Tout-Paris, Barrès et Jaurès, Gaston Leroux et Séverine, Réjane et Octave Mirbeau;
- le profit, pour ceux qui vendent des journaux, tiennent des cafés-concert, louent des chambres ou des bicyclettes;
- l'ennui pour les journalistes du monde entier qui, après les audiences, tournent en rond, trouvent la Vilaine bien sale et la ville bien triste.
En un récit dont la forme éclatée est tantôt chronologique, tantôt thématique, ce qui est évoqué, c'est le bouleversement d'une ville et de ses habitants, dérangés, transformés, révélés par la présence dans leur prison militaire de celui qui est pour les uns "le traitre", pour les autres "le martyr", mais qui oblige tout le monde à faire connaissance avec l'Histoire.
( résumé de quatrième de couverture de Rennes et Dreyfus en 1899 de Colette Cosnier et André Hélard, éditions Horay, 1999)
samedi 1 janvier 2011
les estrades de la Rue Duhamel et de la Rue Saint-Sauveur
Parmi les bénéficiaires inattendus du procès, il faut compter aussi les rennais que le mouvement et l'agitation autour du lycée importunent...mais qui vont profiter du fait que leur maison est située avantageusement pour louer leurs fenêtres à des photographes. Auguste Hautebert possède un terrain sur lequel il entrepose ses matériaux de construction à l'angle de la rue Duhamel. Comme il est lui-même photographe, il accueille confrères, journalistes et curieux et leur permet d'accéder à une estrade d'où ils ne perdront rien du passage de Dreyfus qui se rend régulièrement de la prison au Lycée. Des dames armées de lorgnettes entrent par le jardin de la rue Saint-Sauveur, gagnent à l'aide d'une échelle le sommet d'un mur, descendentpar une deuxième échelle dans le terrain et là, par une troisième atteignent la terrasse.
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